L’église Saint-Venant de Ballan-Miré

L’église Saint-Venant de Ballan-Miré, située dans la commune d’Indre-et-Loire, est un édifice riche en histoire et en patrimoine architectural. Sa construction initiale remontait au XIIᵉ siècle, époque à laquelle elle fut établie dans un style roman caractéristique.

Au XIIIᵉ siècle, l’église subit des modifications notables : la nef fut prolongée et un clocher massif de forme carrée fut ajouté, accompagné d’une tour de défense munie d’un escalier en colimaçon et d’archères. Le portail actuel, en plein cintre et composé de trois rouleaux, s’ouvre désormais à l’ouest.

Le XVIᵉ siècle marque une période d’enrichissement pour l’église Saint-Venant. En 1516, Jacques de Beaune, seigneur de Ballan et surintendant des finances de François Ier, entreprend des travaux significatifs. Ces aménagements incluent la création de fenêtres de style gothique rayonnant, la réfection de la voûte, ainsi que l’ajout du chœur, de deux absides et d’une chapelle nord, conférant à l’édifice une harmonie architecturale remarquable. Les vitraux installés à cette époque, commandés par Jacques de Beaune, sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques et constituant un témoignage précieux de l’art du vitrail du XVIᵉ siècle.

Parmi les trésors artistiques de l’église, une statue de sainte Catherine, sculptée par Michel Colombe et classée depuis 1907, est visible dans une niche du transept nord. Cette œuvre illustre le savoir-faire des artistes de la Renaissance et contribue au rayonnement culturel de l’édifice.

Aujourd’hui, l’église Saint-Venant de Ballan-Miré demeure un symbole du patrimoine local, reflétant les différentes époques de son histoire à travers son architecture et ses œuvres d’art. Elle continue d’accueillir des fidèles et des visiteurs, témoignant de la richesse culturelle et spirituelle de la région.

Sources
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Jacques de Beaune, également connu sous le nom de baron de Semblançay, est né à Tours vers 1455. Fils de Jean de Beaune, argentier du roi et maire de Tours en 1471, et de Jeanne Binet, il hérite des affaires familiales à la mort de son père en 1480. Il débute sa carrière en tant que marchand, avant de se tourner vers les finances royales.

Sous les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII, Jacques de Beaune gravit les échelons de l’administration financière. En 1491, il est nommé trésorier général d’Anne de Bretagne, puis devient général des finances du Languedoc de 1495 à 1516. Sa proximité avec Louise de Savoie, mère de François Ier, lui permet d’accéder au poste de surintendant des finances en 1518.

Parallèlement à sa carrière, Jacques de Beaune investit dans le patrimoine architectural de la région. Il acquiert la seigneurie de La Carte à Ballan-Miré en 1497 et entreprend la construction du château de La Carte. En 1515, Louise de Savoie lui offre la baronnie de Semblançay, où il rénove le château local. À Tours, il fait édifier un somptueux hôtel particulier, connu sous le nom d’hôtel de Beaune-Semblançay, situé à l’angle de la Grand-Rue (actuelle rue Colbert) et de la rue Traversaine (actuelle rue Nationale).

Cependant, sa carrière connaît une fin tragique. En 1522, lors de la sixième guerre d’Italie, la France subit une défaite à La Bicoque, attribuée en partie au non-paiement des troupes. Jacques de Beaune révèle alors avoir remis les fonds destinés à l’armée à Louise de Savoie, en remboursement d’une créance. Cette dénonciation entraîne sa disgrâce. Accusé de malversations financières, il est arrêté en 1527, emprisonné à la Bastille, puis condamné à mort. Il est exécuté par pendaison au gibet de Montfaucon le 12 août 1527.

Malgré cette fin dramatique, Jacques de Beaune laisse un héritage notable en Touraine, tant par ses contributions au patrimoine architectural que par son rôle dans l’administration financière du royaume.

Michel Colombe, né vers 1430 probablement à Bourges et décédé avant novembre 1515 à Tours, est un sculpteur français emblématique de la transition entre le style gothique tardif et la Renaissance. Issu d’une famille d’artisans, il est le frère cadet de l’enlumineur Jean Colombe. Formé dans l’atelier de son père, Philippe Colombe, Michel développe son art principalement à Tours, où il établit son atelier rue des Filles-Dieu, dans le faubourg Saint-Étienne.

Parmi ses œuvres majeures figure le tombeau de François II de Bretagne et de Marguerite de Foix, réalisé entre 1502 et 1507 pour la cathédrale de Nantes. Ce monument, commandé par Anne de Bretagne, illustre la maîtrise de Colombe dans l’art funéraire.

En 1508, Michel Colombe crée le relief en marbre « Saint Georges terrassant le dragon » pour la chapelle du château de Gaillon, aujourd’hui conservé au musée du Louvre. Cette œuvre témoigne de l’influence de la Renaissance italienne sur son style, tout en conservant des éléments gothiques.

Malgré le nombre limité d’œuvres attribuées avec certitude à Michel Colombe, son influence sur la sculpture française est indéniable. Son atelier à Tours a formé des artistes tels que son neveu Guillaume Regnault, perpétuant ainsi son héritage artistique.

Michel Colombe incarne la transition stylistique entre le Moyen Âge et la Renaissance en France, alliant tradition gothique et innovations renaissantes dans ses créations sculpturales.

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